EI vs EURL : comparaison des deux statuts pour faire le bon choix 

Créer son entreprise seul, c’est une liberté… mais aussi une responsabilité. Parmi les premiers choix à faire figure celui du statut juridique. Si vous êtes entrepreneur individuel sans associé, deux formes juridiques se présentent souvent à vous : l’Entreprise Individuelle (EI) et l’Entreprise Unipersonnelle à Responsabilité Limitée (EURL). Ces deux statuts permettent d’exercer seul, mais ils obéissent à des logiques différentes, notamment en matière de responsabilité, de fiscalité et de gestion. Voici une comparaison claire pour vous aider à faire le bon choix. 

Deux formes juridiques pour travailler seul 

L’EI et l’EURL permettent toutes deux d’exercer une activité en nom propre, sans s’associer avec d’autres personnes. Toutefois, la philosophie juridique qui les sous-tend est différente. 

  • L’Entreprise Individuelle (EI) n’a pas de personnalité morale distincte : l’entrepreneur et l’entreprise sont une seule et même personne. 
  • L’EURL, quant à elle, est une forme de société (SARL à associé unique), avec une existence juridique propre, distincte de celle de son fondateur. 

Autrement dit, créer une EURL revient à créer une personne morale autonome, même si vous êtes seul à bord. Ce choix aura des conséquences sur la protection de vos biens, votre fiscalité, vos obligations comptables et votre crédibilité commerciale. 

La responsabilité : longtemps un critère-clé, aujourd’hui relativisé 

Traditionnellement, l’EURL était plébiscitée pour limiter la responsabilité de l’entrepreneur à ses apports dans le capital. À l’inverse, l’EI impliquait une responsabilité illimitée sur le patrimoine personnel. 

Mais depuis la réforme du 15 mai 2022, l’EI bénéficie d’une protection automatique du patrimoine personnel. Les biens non professionnels de l’entrepreneur sont désormais insaisissables par les créanciers professionnels, sauf en cas de fraude. 

Ce changement réduit fortement l’écart entre EI et EURL sur le plan de la responsabilité. Toutefois, la limite de responsabilité de l’EURL reste plus nette, puisqu’elle est encadrée par une structure juridique autonome. 

La fiscalité : un levier de différenciation 

En Entreprise Individuelle 

Par défaut, les bénéfices sont imposés à l’impôt sur le revenu dans la catégorie : 

  • BIC (bénéfices industriels et commerciaux) pour les commerçants ou artisans, 
  • BNC (bénéfices non commerciaux) pour les professions libérales. 

Depuis 2022, il est également possible d’opter pour l’imposition à l’impôt sur les sociétés (IS), sous la forme de l’EI à responsabilité limitée (EIRL supprimée mais remplacée de fait par cette option). Cette option permet de séparer la fiscalité du dirigeant et celle de l’entreprise. 

En EURL 

Par défaut, les bénéfices sont également imposés à l’impôt sur le revenu au nom de l’associé unique. Toutefois, l’EURL permet, dès sa création ou ultérieurement, d’opter pour l’IS, ce qui permet de soumettre l’entreprise à une fiscalité distincte. 

L’avantage de l’EURL : vous pouvez choisir entre IR et IS avec plus de souplesse, selon votre stratégie financière. Et en cas d’IS, vous pourrez vous verser une rémunération de gérant (déductible du résultat), ou vous rémunérer par dividendes (taxés différemment). 

Le régime social du dirigeant 

Le choix du statut influe aussi sur votre affiliation sociale. 

  • En EI, vous êtes travailleur indépendant (TNS) affilié à la Sécurité sociale des indépendants. 
  • En EURL, si vous êtes gérant associé unique, vous êtes aussi TNS. Si vous nommez un gérant tiers (non associé), celui-ci sera assimilé salarié (régime général). 

Le régime TNS est moins coûteux, mais offre une protection sociale moins étendue que celui du régime général. En contrepartie, il offre une plus grande flexibilité sur le montant de la rémunération. 

Gestion comptable et obligations administratives 

L’un des grands avantages de l’EI est sa simplicité de gestion

  • Pas de statuts à rédiger 
  • Pas de capital à déposer 
  • Comptabilité allégée (notamment en micro-entreprise) 
  • Formalités de création réduites 

En EURL, la création est plus formelle

  • Rédaction des statuts 
  • Dépôt de capital social (même modeste) 
  • Publication d’une annonce légale 
  • Immatriculation complète au RCS 
  • Comptabilité complète (bilan, compte de résultat) 

Autrement dit, l’EI est plus légère administrativement. L’EURL demande davantage de rigueur, mais permet une organisation plus structurée, appréciée dans certaines relations commerciales (banques, appels d’offres, etc.). 

Crédibilité et perspectives d’évolution 

L’EURL, en tant que société à part entière, bénéficie d’une image plus “sérieuse” ou “professionnelle” que l’EI, notamment auprès des investisseurs, partenaires institutionnels ou clients B2B. 

De plus, elle peut facilement évoluer vers une SARL si vous décidez d’accueillir un ou plusieurs associés. En EI, cette évolution nécessite un changement complet de forme juridique, avec création d’une nouvelle société. 

Coûts de création et de gestion 

  • L’EI est gratuite à créer, hormis dans certains cas particuliers (immatriculation au RCS pour les commerçants, par exemple). 
  • L’EURL engendre des frais de création : rédaction des statuts, dépôt de capital, annonce légale, immatriculation (comptez entre 200 et 500 € environ selon accompagnement). 

Côté gestion, l’EI coûte moins cher au quotidien : pas d’obligation de bilan, comptabilité plus souple, pas de frais juridiques annuels. L’EURL nécessite en revanche l’appui d’un expert-comptable, ce qui peut représenter un coût non négligeable. 

Le choix entre EI et EURL ne se résume pas à une question de formalités. Il dépend de votre projet, de vos ambitions, de votre fiscalité souhaitée et de votre manière de gérer l’entreprise. L’EI convient parfaitement pour démarrer rapidement, tester une activité ou rester dans une logique artisanale ou libérale simple. L’EURL, plus lourde à mettre en place, offre une structure plus solide, évolutive et crédible, notamment en cas de croissance ou de recherche de financements.  

Si vous hésitez encore, prenez le temps d’analyser votre modèle économique, vos revenus prévisionnels et vos priorités : c’est la clé d’un choix juridique cohérent et durable. 

(Crédit photo : iStock – LaylaBird)