Peut-on cumuler plusieurs activités dans une même immatriculation ? 

Beaucoup d’entrepreneurs ont plusieurs idées en tête, ou souhaitent diversifier leur activité dès le départ. Vendre des produits en ligne et proposer des formations. Être artisan le jour et consultant le soir. Est-il possible de cumuler plusieurs activités au sein d’une seule et même entreprise ? La réponse est oui, sous certaines conditions. Il existe un cadre juridique qui permet d’exercer légalement plusieurs activités avec une immatriculation unique. Voici tout ce qu’il faut savoir pour combiner plusieurs activités en toute légalité. 

Le principe de pluralité d’activités dans une même entreprise 

En droit français, une entreprise individuelle ou une société unipersonnelle (SASU, EURL) peut exercer plusieurs activités, dès lors qu’elles sont déclarées lors de l’immatriculation ou ajoutées par la suite. Ce principe s’applique à la fois : 

  • aux entrepreneurs individuels, y compris les micro-entrepreneurs, 
  • aux sociétés, quels que soient leur forme et leur régime fiscal. 

L’activité principale est celle qui génère le plus de chiffre d’affaires, mais il est tout à fait possible d’avoir une ou plusieurs activités secondaires dans le même cadre juridique. 

Déclarer plusieurs activités dès la création 

Lors de l’immatriculation de votre entreprise, vous pouvez déclarer plusieurs activités simultanément, à condition qu’elles soient toutes précisées dans : 

  • l’objet social (pour les sociétés), 
  • le formulaire de déclaration d’activité (pour les EI ou micro-entrepreneurs). 

L’objet social d’une société doit être rédigé de manière suffisamment large pour couvrir toutes les activités envisagées. Par exemple : « activités de conseil en communication, vente de supports numériques, formation professionnelle. » 

Il est important d’être précis, car toute activité non déclarée est considérée comme exercée illégalement. 

Ajouter une activité en cours de route 

Si vous êtes déjà en activité et que vous souhaitez ajouter une activité secondaire, il vous faudra : 

  • déclarer la modification auprès du guichet unique (formalites.entreprises.gouv.fr), 
  • mettre à jour l’objet social si vous êtes en société, 
  • et éventuellement modifier vos statuts (dans une SASU ou une EURL). 

Une fois la déclaration validée, vous recevrez un avis de situation INSEE mis à jour, indiquant les nouvelles activités exercées. 

Quelle activité est prise en compte pour les obligations sociales et fiscales ? 

Même si plusieurs activités sont exercées, une seule sera considérée comme l’activité principale par l’administration, celle qui génère le plus de chiffre d’affaires ou qui est jugée dominante. 

C’est cette activité principale qui détermine : 

  • le code APE attribué par l’INSEE, 
  • le régime de cotisations sociales (URSSAF, SSI…), 
  • le centre de formalités compétent (CCI, CMA, URSSAF, etc.), 
  • et parfois le régime fiscal applicable

Les autres activités sont dites « secondaires » mais restent déclarées et autorisées. En cas de contrôle, il faut pouvoir justifier que vous les exercez bien dans le cadre de votre entreprise. 

Et si les activités relèvent de secteurs différents ? 

Il est tout à fait possible de cumuler des activités très différentes (par exemple, artisanat et consulting), mais cela nécessite d’être attentif à plusieurs points : 

Les obligations d’immatriculation 

  • Une activité artisanale nécessite une inscription au Répertoire des Métiers (RM). 
  • Une activité libérale se déclare auprès de l’URSSAF

En cas d’activités mixtes, vous devrez parfois être inscrit à plusieurs registres en parallèle. Le guichet unique oriente automatiquement le dossier vers les bons organismes. 

Le respect des réglementations spécifiques 

Certaines activités sont réglementées : elles nécessitent des diplômes, des assurances spécifiques ou des autorisations. Cela concerne notamment : 

  • les métiers du bâtiment, 
  • les professions de santé, 
  • la formation professionnelle, 
  • les activités de transport. 

Avant d’ajouter une activité secondaire, vérifiez que vous remplissez bien les conditions légales pour l’exercer. 

Micro-entreprise : attention aux plafonds et à la cohérence 

En micro-entreprise, le cumul d’activités est également possible, mais avec des limites propres au régime : 

  • Le plafond de chiffre d’affaires est commun à toutes les activités (188 700 € pour les ventes, 77 700 € pour les prestations de services, en 2025). 
  • Si vous exercez à la fois une activité commerciale et une activité de service, un plafond mixte s’applique. 
  • Le taux de cotisations sociales est différent selon la nature de l’activité : il faudra donc déclarer séparément chaque catégorie de revenus dans vos déclarations mensuelles ou trimestrielles. 

En cas de dépassement des plafonds, vous basculez automatiquement dans le régime réel, avec une comptabilité plus complexe. 

Avoir plusieurs activités dans plusieurs lieux  

Vous pouvez exercer différentes activités dans des lieux distincts, à condition de déclarer chaque établissement secondaire auprès du guichet unique. Chaque lieu d’exercice doit être enregistré, même s’il s’agit de simples points de vente ou de production. 

Cela permet d’obtenir un SIRET distinct pour chaque site, tout en conservant une seule structure juridique. Ces établissements apparaîtront dans votre fiche INSEE. 

Quand vaut-il mieux créer une deuxième entreprise ? 

Dans certains cas, il peut être plus judicieux de créer une structure séparée, notamment si : 

  • les activités n’ont aucun lien logique entre elles, 
  • l’une des activités présente des risques particuliers (ex. : responsabilité accrue, réglementation stricte), 
  • vous souhaitez avoir des régimes fiscaux ou sociaux différents
  • vous envisagez de vous associer sur l’une des activités uniquement. 

Créer une deuxième entreprise permet d’avoir une gestion autonome, des comptes séparés et une stratégie dédiée à chaque activité. 

(Crédit photo : iStock – Paul Bradbury)