SASU ou EURL : Quel choix pour votre activité en freelance ? 

Lorsqu’un freelance décide de se lancer, choisir son statut juridique est une étape clé qui influencera son quotidien, sa protection sociale et ses charges fiscales. Deux formes juridiques ressortent souvent pour les indépendants : la SASU (Société par Actions Simplifiée Unipersonnelle) et l’EURL (Entreprise Unipersonnelle à Responsabilité Limitée). Si ces structures permettent toutes deux d’exercer seul, elles présentent des différences notables. Comment choisir celle qui correspondra le mieux à votre projet freelance ? Voici un guide complet pour vous aider. 

Comprendre les bases : SASU et EURL en bref 

La SASU est une société commerciale constituée par un associé unique. Elle fonctionne de manière très souple et laisse une grande liberté statutaire. Son dirigeant, appelé « président », est affilié au régime général de la Sécurité sociale. 

L’EURL, quant à elle, est une déclinaison de la SARL (Société à Responsabilité Limitée) adaptée à une seule personne. Elle offre un cadre plus rigide mais également très protecteur. Son gérant associé unique est affilié à la Sécurité sociale des indépendants (SSI). 

Ces deux structures séparent bien le patrimoine personnel du patrimoine professionnel, protégeant ainsi l’entrepreneur en cas de difficulté. 

Protection sociale : le grand écart 

La protection sociale est l’un des éléments majeurs de différenciation entre SASU et EURL. 

En SASU, le président relève du régime général de la Sécurité sociale (comme un salarié, sans assurance chômage). C’est la couverture sociale la plus complète : remboursement des soins, indemnités journalières, retraite de base et complémentaire. Mais cette qualité se paie : les cotisations sociales représentent en moyenne 70 % du salaire net versé. 

En EURL, le gérant associé unique dépend de la Sécurité sociale des indépendants. Le niveau de protection est inférieur, notamment sur les arrêts maladie ou la retraite, mais le coût est beaucoup plus faible. Les cotisations sociales représentent environ 45 % du revenu net

À retenir : 

  • Si vous privilégiez une excellente couverture, choisissez la SASU

Fiscalité : impôt sur le revenu ou impôt sur les sociétés ? 

Les deux statuts offrent une certaine flexibilité fiscale : 

  • EURL : par défaut, elle est soumise à l’impôt sur le revenu (IR). Les bénéfices sont directement intégrés dans votre déclaration personnelle. Vous pouvez néanmoins opter pour l’impôt sur les sociétés (IS) pour séparer votre fiscalité personnelle de celle de l’entreprise. 
  • SASU : par défaut, elle est soumise à l’impôt sur les sociétés (IS). Sous conditions, il est possible d’opter temporairement pour l’IR (pendant 5 ans maximum). 

Comparatif rapide : 

  • En début d’activité (peu de bénéfices), l’IR peut être plus intéressant. 
  • En cas de bénéfices importants, l’IS devient souvent plus avantageux. 

Flexibilité de gestion : la SASU l’emporte 

La SASU est plébiscitée pour sa souplesse de fonctionnement. Les statuts peuvent être adaptés aux besoins du freelance, et la loi impose peu de contraintes. 

En EURL, la structure est plus rigide : les règles de fonctionnement sont encadrées par la loi. Les décisions doivent être consignées dans des procès-verbaux et certains actes (comme l’approbation des comptes) suivent une procédure stricte. 

Pour un freelance qui veut se concentrer sur son activité sans s’encombrer d’obligations administratives lourdes, la SASU est donc souvent plus confortable. 

Rémunération et dividendes : deux approches 

  • En EURL, la rémunération du gérant est soumise aux cotisations sociales SSI. Il est possible, en cas d’option pour l’IS, de percevoir des dividendes. Ceux-ci sont soumis partiellement aux cotisations sociales et à la flat tax de 30 %. 
  • En SASU, le président peut choisir de se verser une rémunération soumise à cotisations sociales, mais aussi des dividendes, qui sont uniquement imposés à la flat tax de 30 % (et non aux cotisations sociales). 

Bon à savoir : En SASU, si vous vous rémunérez uniquement par dividendes sans salaire, vous n’ouvrez pas de droits à la retraite ni aux indemnités journalières. 

Coût global de création et de fonctionnement 

  • Création : les frais de constitution sont sensiblement équivalents (entre 250 € et 500 €). 
  • Assurances : en SASU, les présidents doivent parfois souscrire à une prévoyance complémentaire (non obligatoire mais recommandée). 
  • Comptabilité : en SASU comme en EURL, la tenue d’une comptabilité complète est obligatoire. Le recours à un expert-comptable est donc conseillé (prévoir 1000 € à 2000 € par an). 

Verdict : comment trancher ? 

Choisissez la SASU si : 

  • Vous souhaitez bénéficier d’une bonne protection sociale. 
  • Vous prévoyez une forte croissance. 
  • Vous voulez une grande liberté dans la gestion de votre activité. 

Optez pour l’EURL si : 

  • Vous voulez réduire vos cotisations sociales. 
  • Vous débutez avec des revenus modestes. 
  • Vous privilégiez la simplicité administrative et fiscale. 

Enfin, n’oubliez pas que vous pouvez commencer sous un statut et évoluer vers un autre en fonction de la croissance de votre activité. Un freelance averti en vaut deux ! 

(Crédit photo : iStock – Jelena Danilovic)