Créer une startup, ce n’est pas simplement « créer une entreprise ». C’est se lancer dans un projet à fort potentiel d’innovation et de croissance rapide, souvent porté par une ambition technologique, sociale ou économique. Si l’image de la startup peut paraître glamour, la réalité repose sur une structuration rigoureuse, dès les premières étapes : choix du statut, dépôt de capital, stratégie de financement, mais aussi mobilisation des aides adaptées à ce type de projet. Voici un guide complet pour créer une startup en France, étape par étape.
Qu’est-ce qu’une startup, au juste ?
Le terme « startup » n’a pas de définition juridique en France. Il désigne plutôt un modèle d’entreprise en phase de démarrage, basé sur l’innovation (technologique, de service, de business model) et visant un développement rapide, souvent international.
Une startup se distingue par :
- un modèle économique scalable (capable de croître sans exploser les coûts),
- une forte incertitude au départ (marché à conquérir, produit à tester),
- un besoin de financement rapide (amorçage, levée de fonds, etc.),
- un potentiel de rentabilité élevé, à moyen ou long terme.
La startup est donc une entreprise à part, qui nécessite une structuration adaptée dès la création.
Quelles démarches pour créer une startup en France ?
Définir le projet et son business model
Tout commence par une idée… mais pas seulement. Avant même de créer juridiquement votre startup, il est indispensable de valider le modèle économique :
- À qui s’adresse votre solution ?
- Quelle est votre proposition de valeur ?
- Quel est le mode de distribution ?
- Comment monétisez-vous votre offre ?
Cette étape permet de bâtir un business plan solide, indispensable pour convaincre des partenaires ou des investisseurs.
Choisir la forme juridique adaptée
La très grande majorité des startups françaises adoptent le statut de Société par Actions Simplifiée (SAS), ou sa version unipersonnelle SASU, pour plusieurs raisons :
- grande souplesse statutaire,
- possibilité d’émission de BSPCE (bons de souscription de parts pour les salariés),
- facilité de levée de fonds (entrée d’investisseurs, pacte d’actionnaires),
- régime social du président assimilé salarié.
D’autres formes sont possibles (SARL, EURL), mais souvent moins compatibles avec la logique startup, notamment à cause de leur rigidité ou de leur régime social.
Rédiger les statuts
La rédaction des statuts d’une startup mérite une attention particulière. Ils doivent :
- définir les règles de gouvernance,
- encadrer les modalités de cession d’actions,
- prévoir l’entrée d’investisseurs ou d’associés,
- anticiper les cas de blocage.
Il est souvent recommandé de se faire accompagner par un avocat, surtout si vous comptez lever des fonds rapidement.
Déposer le capital social
Le dépôt du capital est obligatoire, même si le montant peut être symbolique (1 euro en SAS). Toutefois, une startup sérieuse dépose souvent un capital plus conséquent, pour crédibiliser son projet.
Le capital est déposé sur un compte bancaire professionnel, en attente de l’immatriculation.
Publier une annonce légale
Toute création de société doit faire l’objet d’une publication dans un journal d’annonces légales (JAL). Cette formalité coûte entre 100 et 150 €.
Immatriculer la société
Enfin, vous devrez déposer votre dossier de création sur le guichet unique des formalités : https://formalites.entreprises.gouv.fr
Une fois le dossier accepté, vous obtiendrez votre numéro SIRET, votre extrait Kbis, et vous serez prêt à démarrer officiellement.
Quel budget prévoir pour créer sa startup ?
Créer une startup coûte souvent plus cher qu’une entreprise classique, notamment à cause des frais de structuration juridique. Voici les principaux postes à anticiper :
- Rédaction des statuts : entre 500 € et 2 000 € (avec un avocat ou une legaltech)
- Dépôt de capital : variable selon vos moyens et votre stratégie
- Annonce légale : environ 150 €
- Immatriculation : gratuite, mais des frais annexes peuvent s’ajouter
- Comptabilité : à partir de 1 000 € par an
- Assurance RC Pro : 200 à 600 € par an
- Propriété intellectuelle : dépôt de marque (190 €), brevets éventuels
Au total, il faut prévoir entre 1 000 et 3 000 € minimum pour démarrer sur des bases sérieuses, hors financement produit ou marketing.
Quelles aides pour les créateurs de startup ?
Heureusement, l’écosystème français est particulièrement riche en dispositifs de soutien aux startups.
Les aides à la création
- ACRE : exonération partielle de charges sociales pendant la première année
- ARCE : versement de capital à partir des droits au chômage
- NACRE : accompagnement au montage du projet pour les demandeurs d’emploi
Les financements publics
- Bpifrance : subventions, prêts d’amorçage, avances remboursables
- Régions et collectivités locales : aides spécifiques à l’innovation ou à l’implantation
- Concours d’innovation : i-Lab, i-Nov, etc.
Les structures d’accompagnement
- Incubateurs et accélérateurs : accompagnement, hébergement, réseau
- Pépinières d’entreprises : locaux à coût réduit
- Station F, La French Tech, Réseau Entreprendre, etc. : autant d’initiatives pour guider et financer les jeunes pousses
Les dispositifs fiscaux
- JEI (Jeune Entreprise Innovante) : exonérations fiscales et sociales
- CIR (Crédit Impôt Recherche) et CII (Crédit Impôt Innovation) : pour financer la R&D
- BSPCE : outils de fidélisation des salariés, exonérés d’impôts sous conditions
L’importance d’un bon réseau dès le départ
Créer une startup, c’est aussi savoir s’entourer d’experts, de mentors, de partenaires, d’autres entrepreneurs. Rejoindre un écosystème dynamique dès la création permet de :
- tester son idée rapidement,
- éviter les erreurs classiques,
- accéder plus facilement aux financements,
- renforcer sa légitimité auprès des premiers clients ou investisseurs.
Les premières années sont décisives. Une startup ne grandit jamais seule.
La création d’une startup en France n’est pas un parcours d’obstacles, mais elle demande de la méthode, de l’anticipation et une bonne dose de stratégie. Statut juridique, structuration du capital, protection intellectuelle, aides disponibles… chaque choix pèse sur l’avenir de votre entreprise. Le bon réflexe : se faire accompagner, poser les bases solides dès le départ, et ne pas sous-estimer le coût de la crédibilité. Car une startup, avant d’être une aventure, est d’abord une entreprise bien pensée.
(Crédit photo : iStock – South_agency)